On trouvera dans ce petit coin de la presqu’ile de Quiberon « LA » colonie la plus intéressante de bigorneau sauvage. Et vous me direz, pourquoi la plus intéressante ? La réponse est simple, mais double, voire triple et avant tout… multiple !!
LE CLIMAT, l’INHOSPITALITEE du LIEU, les MAREES, les VENTS VIOLENTS, et la présence à marée basse de vives eaux du bipède le plus redouté de ce gastéropode à coquille noire en spirale, nous avons nommé : LE BRETON !! En effet, si notre petit animal sympathique, mais néanmoins dangereux, surtout la femelle, réussi à échapper aux vicissitudes des éléments, il n’est pas rare qu’à la suite d’un court-bouillon express, il se retrouve accompagné d’une mayonnaise plus ou moins aïéée. Sa fin, à ce moment de sa courte existence, n’est plus proche mais définitive !! Son corps alors extrait de la coquille par une épingle, quelque fois à nourrice, mais toujours experte, l’animal, imprégné de l’émulsion susdite, sera englouti sans autre forme de procès par l’organisme celtique qui ne manquera pas de faire suivre l’enterrement ou plutôt l’enfournement, par une bouchée de pain/beurre salé et surtout une bonne gorgée de muscadet.
Mais revenons, après cet épisode gastronomique, au sujet principal de notre thèse à savoir la vie en milieu naturel du stylommatophore littorina littoréa marin, appelé plus bêtement par votre poissonnier préféré : bigorneau.
Si le bigorneau mâle adulte n’offre qu’un intérêt purement gustatif, la femelle par contre, sous des dehors calmes paisibles et souvent bon enfant, peut se révéler suite à la naissance de ses petits, redoutable et même dangereuse !! En effet, si vous vous approchez négligemment de l’antre ou jalousement et avec amour maman bigorneau apprend à sa progéniture à ne plus souiller l’opercule, si, dans un moment d’abandon total de prudence, vous mettez les doigts dans le nid (et pas dans le nez), vous avez toutes les malchances pour que la femelle, dont vous avez menacé la lignée, ne se jette sur vous avec des cris stridents et une violence inouïe, dans l’espoir de vous infliger d’irrémédiables blessures.
A ce moment dramatique de votre existence et s’il vous reste un tant soit peu de lucidité, n’essayez pas de la caresser ! Observez le blanc de l’œil de cette férocité. Si celui-ci est injecté de sang… FUYEZ malheureux !!!! Afin de vous conseiller dans votre sauve qui peut, nous vous recommandons de courir soit vers le plein Nord, soit vers le plein Sud car cette redoutable femelle peut à l’aide d’un coup de Noroît très fréquent dans la région, vous atteindre entre les omoplates, pénétrer dans votre organisme, (n’oublions jamais que le bigorneau peut être perceur !), et y baver! Je vous précise que l’incroyable rareté de ce genre d’accident n’a pas mobilisé les chercheurs, et que l’étude d’un vaccin a été abandonnée avant même que j’en fasse la demande! Allez savoir pourquoi ??
Donc et en mode de conclusion, préférez-lui le bigorneau de votre poissonnier, domestiqué. Certes, il n’aura pas ce petit fumet propre à la bête traquée, mais croyez-moi, c’est plus sûr !
Christian à bord de Swadoune.
Conseils
Mettre les bigorneaux à l’eau froide, très largement salée et parfumée, thym, laurier (beaucoup) poivrée (A la demande. Moi je mets, et je préfère, le piment d’Espelette, c’est vous dire.) Et des que ça bout, une minute et STOP le feu ! Je les laisse dans le court bouillon à refroidir ça continu de les parfumer. A titre personnel, et pour les avoir abondamment testés, je conseille gros plan ou muscadet. Ou les deux… Enfin… C’est vous qui voyez !