- Mais qu’est-ce qu’on est serrées la d’dans ! Qu’est-ce qu’on est serrées !!! Pis c’est gras bouh là là qu’c’est gras !!
Ca fait quoi ? six mois que j’baigne la d’dans avec cinq aut’ copines ? Enfin… quand j’dis copines…
Ah ben tè faut que j’vous raconte.
On était toute une tripotée à se balader par mer belle, on venait de sortir de la baie de Quiberon par le passage de la Teignouse et on remontait sur Groix. On était contente parce que à Quiberon y a des conserveries de poissons, comme La Belle Iloise, et que les sardines y z’aiment bien ! Donc, on s’était pas faite choppée, et mon vieux, ça frétillait du croupion.
Et c’coup là, personne l’a vu venir ! C’est arrivé par derrière, un filet énorme et vraoummm ! On s’est retrouvée sur le pont d’un bateau de pêche et ça a pas trainé ! C’est moi qui vous l’dis !
Le port, les cageots, la criée, et… M…. ! Non pas là, pas la Belle Iloise ? Et si ! Pis ça à été vite, la tête coupée, vidée, nettoyée, alignée sur une grille et plongée dans l’huile bouillante !!! T’as à peine le temps de t’en rendre compte, mais ça pique quand même!!!
Quand tu reviens de la « piscine » t’es égouttée et une bretonne te range tête-bêche, enfin cou- bêche j’devrais dire, dans une boite. Six qu’on était dans la boite.
T’es serrée la d’dans c’est pas croyable ! Moi qu’aime pas qu’on me colle, c’est gagné ! Y remettent un peu d’huile et paf ! Nuit !
J’vous passe quelques étapes, mais en gros, c’est ça.
Pis un jour, ça s’ouvre ! On est sur un voilier, y fait beau, et au moment ou j’me dis qu’ça pourrait p’tèt s’arranger, je LE VOIS LUI, le malfaisant ! Il est là avec une fourchette à la main. Il nous égoutte et nous met avec délicatesse, (c’est après que ça ce gâte), dans un saladier.
Là, il rajoute… Oh là… Allez, j’dirai plus du tiers de la plaquette, environ 80 à 100 grammes de beurre mou, une échalote hachée menue, menue, de la coriandre hachée aussi, sinon, du persil fait l’affaire, un peu du cœur bien blanc/jaune d’un céleri haché très fin, du piment d’Espelette A.O.C., ça pique, du sel.
Et pis là… Je vous le dis à vous parce que je sais que vous le répéterez pas, il met sur sa planche une grosse cuillerée à soupe de câpres, et il la martyrise avec son grand couteau !!! Il l’ajoute dans sa terrine.
Puis il t’écrase avec la fourchette et vas y que j’te pétri, et vas y que j’t’écrase et que j’te repétri et que j’te re-écrase jusqu’à temps que ça fasse un joli mélange. Là, ben y goûte, elle aussi, c’est pas assez relevé à son goût à elle, il rajoute du piment, ils re-goûtent tous les deux… Ça va !
Bon, je vous l’accorde, il nous a fait souffrir, mais quand je vois les trombines réjouies des copains à l’apéro, j’me dis que ça en valait la peine et que quand on peut faire plaisir…
Un peu de générosité que diable !
Propos recueillis par Christian et Marie Jo à bord de Swadoune.
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J’oserai un conseil : Les boites de sardines, thon, maquereaux, je les prends par douzaines et je les tourne régulièrement pour que ces exquises bébêtes baignent en permanence dans l’huile ou leur jus. C’est plus… comment dirais-je ? Goûtu ! Voilà, c’est ça goûtu ! Pis surtout, ça sèche pas.
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