...................................................
Ma bande et moi, on nous surnomme « the wolf’s-pub’s unsociable’s » en Français, les loups-bars sauvages. Ça fait un paquet de temps qu’on a rien mangé. On est là, on rode en attendant de choper une proie, mais avec tous ces pêchous, y reste plus rien ! Y raclent tout ! Alors y a la solution d’aller vivre avec les autres bars, en captivité.
Là au moins tu bouffes tous les jours, mais c’est pas pareil. T’as pas le plaisir de la chasse. Pis ça a pas l’même goût ! Et pis y r’filent de la farine de poisson et y paraitrait même que dans pas longtemps, y vont refiler des farines animales ! Genre vache folle ou cheval Findus, on sait pas. Alors moi et mes potes, on dit non ! Faut pas déconner ! Par Neptune, c’est sûr que t’as que ça à foutre de manger, mais la merde, ça reste toujours de la merde ! Tant pis, on nous voit un peu les arêtes mais ça fait rien on reste au traditionnel. Je sais, je parle vulgaire, mais je m’suis élevé tout seul dans les fonds, enfin surtout dans les bas-fonds. Là où j’étais, y avait des harengs, des morues et des maquereaux ! C’est vous dire que c’était pas l’gratin ! On prenait pas des vers avec les soles ou les turbots pleins d’oseilles ! Non ! Dans les balloches, quand y avait de la baston, on se serrait les nageoires et si on se retrouvait au bocal, on restait muet comme des carpes ! Enfin, c’était l’bon temps !
J’en étais où moi ? Ah oui ! Bon alors on est là, on traque. Et tout à coup qu’est-ce que j’vois pas ? Un p’tit poiscaille qu’a pas l’air bien violent. Il est là au-dessus de ma tête, il gigote bien un peu et à sa couleur rouge, on dirait qu’il a été blessé. Je vais le finir ! J’enclenche la caudale à fond, je règle les nageoires de profondeur sur remontée rapide, j’ouvre ma gueule ( C’est pas souvent, en général je parle peu) et je fonce sur l’intrépide… Merde ! Merde! Merde et remerde ! Encore un rapalas ! Va falloir que je consulte ! J’y vois plus rien ou je vieilli. Ça fait trois fois ce mois-ci que je me fais hameçonner ! Mais cette fois, j’ais tellement les crocs, que le rapala, je te l’ai avalé tout entier ! Je tousse, je crache, mais rien n’y fait ! En plus je suis tiré en avant ! Je peux rien faire ! Plus ça va, plus je me rapproche d’un gros truck blanc. Ca y est j’ai la tête hors de l’eau … « Swadoune T.L. » Y a écrit.
Et là ! Je le vois ! Le gros moustachu ! L’effrayant ! Ce type, on en parle avec les copains et les copines, sans jamais le rencontrer. C’est la terreur du milieu marin ! L’Attila des poissons et des fruits de mer ! Toujours en train de chercher une nouvelle sauce pour nous accommoder ! Mais c’est toujours pareil, ça n’arrive qu’aux autres ! Bon Neptune !!! C’est grand la mer ! Pourquoi moi ? Et y fallait que je tombe sur Lui ! J’me débats, j’me débats mais j’t’en fous, ce mec doit bien faire 150 fois mon poids ! Sans un mot, il me décroche, et avec un grand couteau m’ouvre le bide, balance mes tripes à la mer, (c’est mes copains qui vont se régaler), et là, il m’arrache les écailles !
Moi j’en peu plus, il me fout dans son frigo, je tombe dans le coma !
Je sais pas combien de temps je suis resté dans le frigo et dans le coma, je sais pas ! Toujours est-il que je me retrouve allongé sur une feuille de papier d’alu, j’ai 3 rondelles de tomates, 2 rondelles de citrons, un émincé d’oignon, du thym et une feuille de laurier sur la peau. La feuille de laurier, il l’a mise dans mon ventre vide. Il m’a poivré, un peu salé et badigeonné d’huile d’olive et il a refermé le papier d’alu façon papillote ! IL M’A FOUTU AU FOUR !!!! Le salaud ! Et pendant que je cuisais à 180° pendant environ 25 minutes vu ma taille, vous savez pas c’qu’il faisait ? Hein ? Vous savez pas ? Ben j’vais vous l’dire…
Dans une casserole il a mis du beurre et là il a pas fait semblant. Y avait bien 50 à 80 grammes ( Si ça pouvait lui coller du cholestérol…) A feu doux il a fait fondre une échalote hachée menu sans la roussir puis il a mis le jus d’un gros demi citron et 20cl de vin blanc. Il a laissé réduire à feu doux, assaisonnement et il a monté ça au fouet avec facile 100 grammes de beurre qu’il a incorporé petits bouts par petits bouts. Ah ! Persil haché !!
Alors moi, ça y était ! J’étais cuit ! Il a sorti deux assiettes et il m’a découpé !!! Si ! Encore !! Comme si ça suffisait pas. Il a levé un de mes filets l’a mis sur l’assiette et il la nappé avec la sauce au beurre !!! Il a retiré mon squelette et a mis sur l’autre assiette mon deuxième filet ! Rebelote, la sauce au beurre !!
ET CES DEUX LA…. ILS M’ONT BOUFFE !!!!!! et ça faisait : Hummmm !! Aaaah !! Hummmm !
Z’avourez ! C’est pas une vie !!!
Propos et émotions recueillis par Christian à bord de Swadoune.