Je ne sais pas si c’est dû à la Covid 19, mais j’ai l’impression qu’il y a de moins en moins de convivialité sur le ponton.
A l’époque, à Frontignan, dès les beaux jours, il n’y avait pas un soir que quelqu’un n’ organise * un apéro ou une grillade qui réunissait tous les équipages présents sur le ponton, tout le monde amenait qui à manger qui à boire, et ça finissait à des point d’heures avec une solide gueule de bois le lendemain matin.
Quand on ne décidait pas sur le coup de 23h de se barrer en Espagne en flottille, et on se retrouvait tous à Cadaquès pour l’apéro le lendemain à midi…
Là, à Port Camargue, c’est devenu tristounet.
Les gens se regroupent par clans, les ceusses en dessus de 12m qui te regardent de haut, les gens de la Loire (42) qui causent pas aux autochtones, les autochtones qui disent qu’ils commencent à bien nous gaver tous ces doryphores ( surtout les 42 ), les autres qui habitent sur les bateaux à l’année et qui ne se causent qu’entre eux.
Et surtout, les bateaux restent scotchés au ponton avec de la bâche et du cristal partout autour du cockpit que tu croirais les auvents des caravanes de l’époque.
Pas un qui navigue, en dehors des ronds dans l’eau dans la baie d’Aigues Mortes entre 16h après la sieste et avant 18h parce qu’il faut pas non plus être rentrés trop tard sinon les blocs sanitaires sont saturés et qu’ on aura pas pris la douche avant de manger, et que là, on va sûrement rater « Plus belle la vie » sur la télé incurvée du carré.
J’en connais qui n’ont jamais dépassé Maguelone, et encore, quand ils se sont aperçus qu’ils étaient là, ils ont raté deux virements de bord dans la panique avant de remettre le cap sur Port Camargue full speed, tout dessus avec le moteur en appui, putain la vache, c’est loin…
Bon, tout ça pour dire que tout fout le camp mon bon monsieur, les bateaux ne sont plus que des résidences secondaires pour les gens qui n’ont pas les moyens de se payer une marina, et on t’engueule à 22h01 parce que ta guitare empêche Mémère de dormir.
Bon, je crois que je vais me remettre à la moto, là, au moins, on se salue encore quand on se croise.
* Je ne suis pas sûr, pour la syntaxe…