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Depuis quelques semaines dans le Finistère (Douarnenez, Quimper, Brest…), de nombreux concerts ont été abusivement censurés par les forces de l’ordre, parfois au prix de moyens considérables. Ainsi l’Île de Sein a vu atterrir un hélicoptère… Ces interventions ont eu lieu entre 19h et 22h. Ces interruptions brusques de concerts se font soit sur l’initiative des forces de l’ordre ou du parquet, soit sur plainte d’une infime partie du voisinage. Elles touchent des représentations de tous genres, mais se déroulant toujours dans un débit de boisson. Ces bars, cafés, nous le savons, sont des lieux importants de création, de sociabilité, de vie, de rencontres, de débats et d’entraide, des endroits qui rompent les solitudes tout en constituant une activité économique essentielle. Ils sont dorénavant en danger, assaillis par une politique dont la nuisance est bien réelle . Ce serait une grave erreur, une ignorance crasse et une stupidité sociale de mépriser, sous-estimer le rôle des bars et cafés dans le champ culturel. Ils ont toujours été et demeurent des lieux d’échange essentiels… En témoignent les ville sans cafés, ni vie nocturne, ville mortes, mornes, vidées de vie. Est-ce ce que vous souhaitez pour votre ville ? Artistes mis au silence, bistrotiers mis à l’amende, le public qui rentre chez soi, pertes de revenus pour les cafetiers, difficultés à payer les employés, les artistes - plus la fragilité accrue du statut d’intermittents - et déclin économique des commerces alentour, etc… A long terme ces opérations auront pour conséquences des fermetures d’établissements, une perte inestimable de création artistique, d’offre culturelle, de lien social. Comment, dans une région comme la Bretagne, où le tourisme se nourrit de la vivacité culturelle, est-il possible de se plaindre de la mauvaise santé du commerce, tout en laissant les forces de l’ordre ne laisser aux estivants que l’horizon du papier peint de leur chambre d’hôtel ? En huit ans pas moins de 6000 bistrots ont fermés en France. Il est temps de réagir et d’en débattre. Artistes, public et commerçants, nous voulons montrer ensemble que nous sommes nombreux, joyeux et déterminés à faire vivre des espaces d’émotion, d’expression, d’échange, de plaisir et d’entraide. Nous n’entendons pas laisser pourrir nos cités et voir nos libertés limitées par quelques voisins grincheux plus tenaces que d’autres auprès des représentants d’un ordre public qui aseptise. Nous condamnons les soi disant contrôles de routine organisés par les autorités sous la tutelle du ministère de l’intérieur ou d’un préfet bon soldat de la République, en rappelant à ce dernier que nous sommes la République. Que nous ne laisserons personne dicter ce que doit être notre pays. |
article paru dans le Télégramme de Brest