La chaleur est à son comble et seuls les éphémères gaspillent le peu de vie qui leur reste. La mangrove puise à l’onde épaisse et lourde les sédiments nécessaires à sa croissance. Ses longs doigts noueux semblables à des griffes, fouillent la vase.
Au loin, dans la plaine, des moulins à vent Donquichottesques, attendent dans l’ennui le retour éolien propice à mettre debout, l’ensiesté meunier Ibère qui en cet instant, et à juste raison, étendu sur les sacs de blé, rêve à une cervesa bien fraîche.
Des moutons skynédisés récemment, paissent sous la surveillance assoupie d’un chien noir à la langue sèche.
Sur la rive septentrionale, un couple d’hippopotames contrarie l’apesanteur en ne laissant dépasser de l’eau que le dessus de leur tête. Parfois, leurs gueules parfumées au chacal mort et aux dents nicotinisées à l’extrême, s’ouvrent à s’arracher, pour laisser passer un bâillement à la date de fraîcheur très largement dépassée, qui nous rassure sur leur état de nervosité.
Rien ne vient troubler cette silencieuse moiteur.
C’est ce moment-là, que la femelle choisit pour demander au mâle :
« T’as changé les couches du p’tit ??? »
…/…
Comment ? Hein ? Quoi ? Y aurait pas d’hippopotames sur le Guadalquivir ???
Z’avez qu’à demander à Pierre et à Miguelito, puisqu’on vous dit QU’ON LES A VU !!!!
Tout d’même !!
Bouuuh là ! Fatigué, moi, j’vais faire une sieste…
Christian à bord de Swadoune.