DEMONTER UN GOUVERNAIL à flot

[Enide]

Un beau jour du mois de Mai (voici une dizaine de jours), le skipeur de ce gentil petit canote nommé Enide, (le skipeur c'est moi, ok?) naviguait tranquillement entre deux îles des Açores par un temps parfait pour la voile. Alors qu'il était paisiblement penché sur sa table à cartes pour regarder le plan du port de destination (Horta), il entend un énorme BONG et sent le bateau faire une embardée.
Après le M.... de rigueur, le gentil skipeur remonte dans le coquepite, s'assure qu'il n'y a pas d'autre bateau à proximité, reprend la barre en manuel et constate tout de suite qu'il y a un problème. 
Bon, je vous la fais courte, faut pas lasser son auditoire !
Avec quelques difficultés (vous allez comprendre, patience), il arrive à amener son bateau jusqu'à la rade du port de Horta (10 nautiques à parcourir, 2 heures). Là, mouillage sur rade, check-in avec les Zotorités, et attribution immédiate d'une place sur ponton par les dites Zotorités, ceux qui connaissent Horta en Mai -Juin savent qu'il s'agissait là d'une vraie faveur de leur part !
Un gentil voisin de ponton hollandais qui me voit en difficulté (je suis seul à bord) m'aidera à tirer Enide à la main pour le mettre le long d'un finger, je n'ai en effet plus du tout de direction en marche arrière, et il faut que Enide soit cul au ponton, vous allez voir pourquoi.
Bateau amarré, une rapide plongée à l'arrière en palmes-masque-tuba confirme mes craintes. Le lendemain un gentil artisan local se pointe, et là, ça devient intéressant parce-qu'on apprend des choses utiles ! (en tout cas moi j'ai appris...). Donc ce gentil Monsieur m'explique qu'il faut évidemment sortir mon gouvernail, ou ce qu'il en reste, mais que pour ça, il est complètement inutile de sortir le bateau de l'eau. J'ouvre de grands yeux ébahis, m'enfin le Monsieur a bonne réputation sur les pontons, alors...
Il commence par me demander un grand cordage, une vieille écoute fera l'affaire. Il fait une boucle et à l'aide de la gaffe, depuis le ponton, la passe autour du safran (ce qu'il en reste) et attache les deux extrémités aux taquets arrières babord et tribord. Le cordage est bien tendu, le gouvernail est donc tiré vers le haut. Ensuite, le Monsieur, plié en quatre dans mon coqueron arrière peut :
- désaccoupler les deux vérins hydrauliques, celui la barre à roue et celui du pilote auto;
- démonter les deux demis-colliers en aciers qui tiennent la mèche de gouvernail en place, 
- retirer la clé de verrouillage qui s'encastre dans la mèche et lui interdit de glisser. C'est pour pouvoir retirer cette clé qu'il fallait que le gouvernail soit fortement tiré vers le haut !
Il me dit alors "on descend". On mollit le cordage, on tape avec un marteau et un cale en bois sur la tête de la mèche du gouvernail visible par l'orifice qui sert à mettre un barre franche de secours, et plouf, le gouvernail descend. En fait il faudra le pousser vers le bas avec la gaffe pour qu'il se libère de la jaumière. Car je découvre quelque chose qui pour moi est inattendu : un gouvernail (i.e.: ensemble de la mèche en alu et du safran) flotte. Je sais pour l'avoir manipuler à sec que ce machin (entier) pèse dans les 50 kgs. Et bien ça flotte, mais oui messieurs !


Voilà ce que nous hissons alors sur le ponton :

Je précise que dans son état normal, le safran fait 1.40m de long, il en reste environ 35cm !


Bon, si mes micro-aventures vous intéressent, je vous raconterais la semaine prochaine dans le même fil comme se fait la remise en place du nouveau safran tout neuf fait par mon artisan. Nous avons rendez-vous lundi prochain, après deux "faux-bonds", mais bon, c'est la pleine saison ici, faut savoir être zen !
En tout cas, la remise en place du safran tout neuf se fera bateau à flot. Question pour les futés : comment introduire un mèche de gouvernail de près de 2m de long dans le tube de jaumière (orifice sous l'eau), alors que le safran flotte, et que l'objet se met donc spontanément à plat sur l'eau avec un bonne flottabilité positive ? Là encore, je sens que je vais apprendre quelque chose :-)

[Henri]

on attend la suite avec impatience  

[La Daurade]

Ben celle là je ne l'attendais pas

[bic133]

Je tente ma chance


on attache un lest suffisament lourd pour que la piece se retrouve a la verticale mais pas trop pour ne pas qu elle coule (un peu comme un bouchon sur une ligne de peche)


A l aide de la gaffe on fait descendre le tout que l on positionne sous l orifice puis on laisse remonter et on le met pret a etre engager.


On fait passer un bout voir deux pour plus de facilitee qui passe en dessous de la piece et ressort de part et d autre du bateau (un peu comme une corde a sauter) puis on tire de part et d autre du bateau et on fixe au taquets arriere.


Une fois la piece emboitee on remonte la cle de verouilage colliers et verins.


On retire le ou les bout qui on servi a la faire remonter.


On retire le lest que l on aurras pris le soin de fixer avec un noeud genre noeud de halter.


2 eme solution on met un gars a la flotte qui remplace la manoeuvre avec les bout.


J ai hate de voir les idees des autres 

[bic133]

Je tente ma chance


on attache un lest suffisament lourd pour que la piece se retrouve a la verticale mais pas trop pour ne pas qu elle coule (un peu comme un bouchon sur une ligne de peche)


A l aide de la gaffe on fait descendre le tout que l on positionne sous l orifice puis on laisse remonter et on le met pret a etre engager.


On fait passer un bout voir deux pour plus de facilitee qui passe en dessous de la piece et ressort de part et d autre du bateau (un peu comme une corde a sauter) puis on tire de part et d autre du bateau et on fixe au taquets arriere.


Une fois la piece emboitee on remonte la cle de verouilage colliers et verins.


On retire le ou les bout qui on servi a la faire remonter.


On retire le lest que l on aurras pris le soin de fixer avec un noeud genre noeud de halter.


2 eme solution on met un gars a la flotte qui remplace la manoeuvre avec les bout.


J ai hate de voir les idees des autres 

[Koala]

Belle manœuvre Enide...bravo !

C'est l'avantage du gouvernail entièrement suspendu, qui permet cette manipulation. Avec un gouvernail fixé sur aileron, il faut impérativement gruter.

Pour la remise en place, j'avais lu quelque part la méthode indiquée par  Bic133, qui avait été utilisée en mer par un équipage; avec une petite variante: le passage d'un bout  fixée sur la tête de la mèche, à travers le tube de jaumière.
De cette façon la présentation par en dessous était grandement facilité.

Bonne réparation et bonne continuation.

Amitiés

[ninix]

Dans la théorie c'est faisable. Mais choisir un endroit ou il n'y a pas de courant a venir te contrarier car une pelle de safran c'est quand même volumineux en surface




Amitiés

[Yvon]

Bonjour,
Je pense qu'une fois tout en place, tu iras faire un pèlerinage vers le caillou qui t'auras permis d'apprendre tant de choses utiles....
Petite question, pourquoi ton safran a tout pris, tu naviguais dérive relevée ?
Bon courage.
Salut et fraternité

[Enide]

Yvon, je n'ai jamais touché un caillou, j'ai touché un objet flottant à un endroit où il y a 800 m de fond !
C'était soit un tronc d'arbre, soit une baleine. Je ne plaisante pas, en ce moment c'est la saison et les cétacés sont très nombreux là où je navigue.
Je crois quand même que c'était un tronc d'arbre.


Mon bateau est un quillard, il n'y a pas de dégat visible  sur la quille en fonte. C'est pour ça que j'exclus un container.

[Enide]

Voilà, tout est réparé, Enide a de nouveau un beau safran, et je vais pouvoir quitter demain matin Horta après 21 jours d'immobilisation.


Bic133 et Koala ont donné les grandes lignes de la méthode pour la remise en place, voilà les détails, ça pourra resservir :-)


- apporter sur place un lest costaud. Dans notre cas il a fallu deux grosses pierres totalisant 60kg. Frapper solidement sur ce lest une grosse manille ou un mousqueton rapide. Passer dans cette manille un cordage. 
- en tenant les deux brins du cordage, faire descendre le lest sur le fond juste au cul du bateau. 
- Ceinturer le safran avec un petit cordage bien serré qui doit être placé vers le bas du safran. Maintenir cette ceinture en place pour qu'elle ne puisse pas glisser vers le bas à l'aide d'une sangle plate qui passe sur le dessus du safran.
- Attacher à la ceinture une des extrémités du cordage allant au lest. L'autre extrémité du gros cordage peut être tournée à un taquet arrière du bateau.
- Mettre le safran à l'eau. Il se met spontanément à peu près à plat  à la surface.
Un opérateur, debout sur la jupe arrière du bateau tire l'extrémité du cordage qui était au taquet. Bien entendu, cela fait descendre le safran. Si l'on a bien placé la ceinture, celui-ci se positionne verticalement, la mèche vers le haut.
- Avant qu'elle ne disparaisse sous la surface, on attache à la tête de la mèche un petit bout de diamètre 4mm qui passe dans le tube de jaumière pour ressortir "en haut" dans le cockpit par l'orifice qui sert normalement à mettre la barre franche de secours. 
On peut alors continuer à tirer le safran vers le bas jusqu'à ce que la tête de mèche soit sous la surface.
- Un opérateur se met à l'eau (palmes masque tuba) et guide la tête de mèche vers la sortie inférieure de la jaumière. Pendant ce temps, l'autre opérateur tire doucement sur le petit bout fixé à la tête de mèche tout en relachant doucement la tension du cordage qui tire le safran vers le bas. Le safran remonte dans le tube de jaumière, guidé à la fois par le petit bout et par l'opérateur qui est à l'eau et surveille le positionnement (orientation) du safran.
- Lorsque le safran est à peu près remonté, l'opérateur qui est à l'eau tourne le safran à la main dans les deux sens pour l'aider à remonter et à prendre sa place dans les grosses bagues qui le guident. L'intérêt d'avoir mis au dessus du safran une sangle et non un cordage est que celle-ci est assez fine pour ne pas géner la remontée : sur Enide, à la fin il n'y a qu'un centimètre entre le haut du safran et la coque du bateau !
- Y-a plus qu'à remettre en place la clé d'arbre, le gros collier, et à rebrancher les deux vérins, on a gagné.


Je vous ai fais grâce des détails qui rendent la vie intéressante :
- on fait la manip avec un lest de 30 kg. C'est le lest qui monte au lieu que ce  soit le safran qui descende ! (premier bain pour moi)
- on fait toute la manip pour s'apercevoir qu'il y a une toute petite erreur de dimensionnement , le haut du safran touche la coque avant que le bestiau ne soit complétement en haut ! (deuxième bain pour moi). Ne pas critiquer, J.P. a refait un safran sans plan et sans dimension, je n'avais à lui proposer qu'une photo du bateau sur bers où l'on voit bien le safran, il a fallu "estimer" les dimensions.
- on fait la manip sans avoir mis le petit bout de guidage dans la jaumière. Quand le gars qui est sur la bateau commence à "lacher du lest", (à laisser remonter le bestiau), le safran ne reste pas en place quels que soient les efforts du pauvre baigneur qui s'essoufle là-dessous.


Bon, j'ai beaucoup apprécié tous ces bains dans de l'eau à 16°, il parait que c'est bon pour la santé !