Je ne veux pas rouvrir l’éternelle polémique sur le permis voile, mais un fait auquel j’ai assisté récemment m’a donné à réfléchir.
Je vous livre donc le fruit de cette réflexion.
La semaine dernière, jour de pétole molle, nous restons au mouillage tranquillous juste à prendre le soleil et à se baigner, ce n’est pas si souvent que l’eau est à 26° par chez nous.
Pour une fois, les bateaux n’étaient pas vautrés les uns sur les autres, ça aussi c’est devenu assez rare pour être signalé.
Mais voilà qu’on voit arriver de la Grande Motte une grosse vedette, une Jeanneau toute neuve immatriculée de frais, nanas affalées sur le bain de soleil du pont avant, les matous sur le fly.
Elle défile à dix mètres de mon bordé bâbord, au ralenti. Là, je me dis qu’il est pour moi, celui-là, je m’apprête à préparer le patator.
Ben non, il continue et stoppe près d’un autre voilier un peu plus loin.
Il mouille en reculant, jusque là, manœuvre parfaite.
Je vois que ça discute entre le skipper du voilier et le pilote de la vedette, mais bon, je n’entends pas ce qui se dit, je vois mal comment les bateaux sont positionnés l’un par rapport à l’autre. En plus, ce n’est pas mon problème, et j’ai un apéro sur le feu.
Mais on dirait bien que sur le voilier, ils ne sont pas trop contents.
Le peu d’air en mouvement est NO. On attaque l’apéro, ce qui nous permettra d’attendre la renverse au SO qui mettra de l’ombre dans le cockpit pour manger confortablement .
A la troisième anisette, je vois arriver la risée SO qui ride faiblement la surface de la baie. Il était temps, j’allais manquer de glaçons.
Le bateau évite lentement et se stabilise SSO, l’ombre du bimini couvre bien le cockpit, on va pouvoir attaquer le lonzo en entrée.
Tout-à-coup, on entend des cris, c’est la vedette et le voilier qui se sont rentrés dedans. L’équipage du voilier essaie de repousser la vedette dont les occupants restent plus ou moins passifs les bras ballants. A priori, ils comptent que le voilier se dégage et aille voir ailleurs si l’eau est plus chaude.
Les bateaux se séparent, le voilier remonte son ancre. Qui ne monte pas. Et un autre tour d’autos-tamponneuses, là, quand même, la vedette a sorti des pare-battages.
Le ton monte, le pilote de la vedette apparaît sur le fly, lance les moteurs et remonte au guindeau les deux chaînes d’ancre entremêlées.
Les deux bateaux collés un à l’autre dérivent, droit sur moi. Le vent est toujours aussi faible, et J’ai largement le temps de remonter l’ancre et de re-mouiller quelques dizaines de mètres plus loin, en dehors de la trajectoire des emmêlés.
Le skipper du voilier enjoint au pilote de la vedette de laisser redescendre les ancres, et une fois les mouillages au fond, palmes-masque-tuba et il plonge à plusieurs reprises jusqu’à ce que les bateaux reprennent leur liberté.
Du coup, la vedette récupère son mouillage et part à fond la caisse sur La Grande Motte, merci pour les vagues de sillage qui nous font bien danser.
Le voilier, lui, reste sur sa nouvelle position, fin du spectacle.
Tout ça pour dire que jusqu’à présent, j’étais très favorable à l’instauration d’un Permis Voile, car je pensais et je pense toujours qu’envoyer quelques tonnes de plastique sans freins au milieu du trafic sans un minimum de formation est aberrant.
Mais quand même: le pilote de la vedette devait être titulaire au moins du Permis Côtier.
Ben à priori, on ne lui a pas appris que les bateaux évitaient, que quand on vient mouiller vers un autre bateau déjà ancré, on le fait sur son arrière à distance raisonnable et non pas sur le côté et trop près de lui et encore moins sur son avant.
Du coup, je comprends mieux maintenant l’argumentation des anti-permis qui est que de toutes façons, ce n’est pas la possession d’un bout de papier qui va faire de toi un navigateur.
Comme quoi, on peut changer d’avis…