L'utilisation du sextant de nos jours est totalement obsolète en navigation tant hauturière que côtière pour cause de modernité grâce au GPS omniprésent à bord. Plus précis, toujours disponible et indépendant de la météo et de l'heure nuit ou jour. Reste que sa présence à bord peut être recommandée par simple mesure de sécurité et donc présuppose qu'on sache sans servir. En navigation hauturière une initiation de base est nécessaire et bien suffisante: il suffit de s'y intéresser. Voir le sujet déjà traité. Mais on peut aussi s'amuser en navigation cotière à utiliser son sextant pour obtenir sa position sans stress aucun puisqu'on sait parfaitement où on est avec le GPS. Deux utilisations possibles, les deux en vue de la côte bien sûr. La première, lorsqu'on voit un élément de côte dont on connaît la hauteur, un phare par exemple. La seconde, lorsqu'on voit sur la côte deux éléments remarquables notés sur la carte suffisamment distants l'un de l'autre. Pour la première le sextant sera utilisé en position normale verticale tandis que pour la seconde on l'utilisera à l'horizontale. La suite dans un prochain post si cela lève un certain intérêt (et même sans ça, je me connais!). Igloo en manque
Attendons Koala. Aucune prétention de ma part d'entrer en "concurrence" quelconque avec ce ou ces grands vulgarisateurs dont Alain Gréé fait partie bien évidemment. Dans ces rappels ponctuels j'y trouve un coté ludique loin des écrans qui nous accaparent, ce coté "Comment ça marchait" du temps des anciens et sûrement un peu de nostalgie. Igloo dans les étoiles.
Alors, la première situation: faire le point sur un seul amer à terre. Lorsqu’il n’y avait pas de sextant à bord, on était obligé d’attendre que le bateau se soit déplacé par rapport à cet amer pour obtenir le position. Avec le sextant, on l’obtient instantanément. On relève l’amer et on est quelque part sur ce relèvement, on mesure sa distance angulaire, l’angle sous lequel on voit le sommet de l’amer dont on connait la hauteur. On se trouve sur le cercle des points qui voient l’amer sous ce même angle. Ce cercle coupe la droite de relèvement et l’intersection donne la position. Mais ça se complique (forcément) par le fait : - qu’il faille tenir compte de la marée car la hauteur est donnée à marée haute de vives eaux. - qu’on voit le pied de l’amer à partir duquel sa hauteur est exprimée (courbure de la terre). On a donc besoin de l’annuaire des marées et de deux tables spéciales pour la distance angulaire selon que l’amer est situé en-deçà ou au-delà de l’horizon. (Tables XIV et XV de Friocourt) Comme vous voyez la navigation de Papa ce n’était pas de la « tarte », il y fallait un investissement personnel certain même si c’était à la portée de tout volontaire. Le plus simple c’est d’avoir à bord ce petit recueil de tables pour ceux qui ont envie de se gratter la tête tout en restant zen: navastro.fr/index.html?p592.html. Mais je vous joins les tables XIV et XV pour ceux qui sont trop impatients et veulent se lancer toute affaire cessante. Dites vous bien que ce qui précède n’ai rien comparé ce qui vous attend pour la deuxième situation! Igloo la torture
Sûr qu'en Med, c'est plus simple: il n'y a pas de marée, ou à minima. La méthode fonctionne sur le papier, mais du pont d'un petit bateau, la précision est plus aléatoire. J'avais avant de me les faire piquer des jumelles Zeiss 10x42 d' oberkanonier équipées d'un télémètre, dont j'ai essayé de me servir pour espionner les copains qui ne voulaient pas communiquer leurs (bons) coins de pêche, jamais réussi à stabiliser suffisamment pour avoir une mesure exploitable. Pareil avec le sextant.
En revanche, j'ai souvent utilisé le sextant pour faire le point par arcs capables, bien plus précis que par relèvements au compas. Surtout pour les bons coins de pêche ou de plongée... Et j'en fais encore juste pour m'assurer que je n'ai pas perdu la main.
J'attends la méthode d'Igloo pour voir si nous travaillons de la même manière...
Si Poutine vitrifie la planète, ça pourrait servir aux survivants...
Et maintenant, la deuxième façon de faire le point P près des côtes avec un sextant, comme promis. Comme Olof a spolié le suspense, il s’agit bien du point par arcs capables mais d'en aucun de la méthode Igloo mais celle du Capitaine de vaisseau Marcel de Kerviler issue de son guide "Navigation de Croisière" 1965. Rendons à Caesar .... C’est vrai que rares sont ceux qui l’employaient sur nos petits bateaux qui bougent beaucoup. Par contre en cas de bris du compas de relèvement, c’était la seule solution pour un point précis. L’idée est simple: si on mesure l’angle (X1) entre deux repères A et B à terre, le lieu des points qui les relèvent sous cet angle est un cercle. Il suffit donc de trouver un troisième repère C et de relevé l’angle (X2) entre B et C pour obtenir un autre cercle. Dans les deux ont ne trace que des arcs de ces cercles. On est à l’intersection de ces deux cercles. Voilà pour la théorie Reste le tracé sur la carte et ça se fait par des constructions simples et nous partirons d’un cas concret pour plus de facilité de compréhension. Je vous schématise ça par un dessin joint. Le principe veut que le cercle qui voit deux points sous le même angle passe par ces deux points. Il suffit de trouver les centres de ces deux centres ce qui est très simple. En effet on trace les droites AB et BC. A partir de A et C, on trace les perpendiculaires aux droites AB à partir de A et BC à partir de C. A partir de B, on trace d’un coté une droite faisant avec AB un angle valant (90°- X1) et toujours à partir de B mais dans l’autre sens, on trace une droite faisant avec BC un angle de (90°- X2). Ces deux droites coupent les perpendiculaires déjà tracées en P1 et P2. Les centres des cercles se trouvent au milieu des segments BP1 et BP2 On trace au compas un arc d’un premier cercle qui passe par A,B,P1 et un autre arc d’un second cercle qui passe par B,C,P2. Ils se coupent au point P, notre position. On remarque que les points P1,P,P2 sont alignés. Voilà c’est tout. Et comme toujours dès qu’on pratique, on oublie complètement le coté « ésotérique » de la chose. En tout cas, je me demandais quelle était ma motivation pour vous « gaver » avec ces deux méthodes de positionnement au sextant sans utilité de nos jours, très sincèrement pour me faire plaisir et me rafraichir la mémoire. L’avantage pour ceux qui vont s’y essayer, c’est qu’il n’y a aucune nécessité ni aucun enjeu depuis le GPS et la cartographie électronique.