Je viens de passer la matinée à entendre mon voisin de ponton râler après son mécano qui lui a annoncé que son moteur est naze et qu’il lui faudra débourser 19 000€ pour le remplacer.
Mais bon, ça fait quelques années que nous sommes voisins, que je lui dis - et pas qu’à lui - qu’arrêter son moteur dès qu’il a passé ses amarres arrières sur les ducs d’albe, que le faire tourner au point mort des heures l’hiver en discutant sur le ponton parce qu’il ne veut pas l’hiverner mais qu’il ne sort pas sont de mauvaises façons de traiter un moteur et que ça va lui créer des problèmes un jour ou l’autre.
Ben là, c’est fait.
A priori, si j’ai tout bien compris, le moteur ne monte plus en puissance, et d’après le mécano, ce serait dû à un gommage des segments induisant un glaçage des cylindres. Ce moteur n'étant pas chemisé, ben, on jette.
Mais là, je me retire sur la pointe des pieds, j’ai largement atteint mon niveau d’incompétence.
En revanche, ce que j’ai appris il y a des années avec mes vieux potes de panne marseillais, c’est qu’un moteur diésel doit être porté le plus rapidement possible à sa température de fonctionnement pour assurer sa longévité.
Ce qui implique qu’il doit tourner en charge, sinon, il ne chauffe pas.
De même, avant de l’arrêter, il faut faire descendre la température pour éviter la cristallisation, et pour ce faire le laisser tourner environ trois minutes au point mort.
Yanmar préconise cinq montées consécutives en régime maxi puis cinq minutes à 1000 tours avant l’arrêt.
Bon, mon bateau est équipé d’un Yanmar qui a 12 ans et 900 heures. J’ai suivi quelquefois cette préconisation après avoir navigué longtemps au moteur au régime de croisière en traversée sans vent, autrement, je m’en suis tenu aux + ou - trois minutes.
Sinon, je me suis toujours appliqué à le faire monter progressivement en régime en sortant du port et en le laissant tourner au moins 30mn avant d’envoyer les voiles, et de le laisser au ralenti environ trois minutes avant de l’arrêter, ce n’est pas valable qu’en rentrant au port.
De temps en temps, je le pousse à fond, 3600 tours pendant deux ou trois minutes, ce qui accessoirement me permet aussi de vérifier qu’il prend tous ses tours et que l’hélice et la carène sont encore assez propres.
Cet automne, j’ai démonté le coude d’échappement, un peu de saleté que j’ai brossée au Dremel, sinon il est toujours en parfait état, je fais ça tous les deux ou trois ans selon le nombre d’heures d’utilisation.
Là où je rigole, c’est les week-ends de régate, pendant lesquels certains « skippers » soucieux de montrer à tout un chacun leur maîtrise de manœuvriers envoient les voiles pas plutôt embouqué le chenal au mépris du règlement du port qui l’interdit,* mais surtout ne laissent jamais leur moteur monter en température et ne l’utilisent qu’à froid pendant des années.
Et le gars qui achète le bateau derrière croyant faire une affaire en voyant très peu d’heures au moteur va se gratter la tête jusqu’ à se faire un trou pour comprendre pourquoi son beau moteur est à changer quelque temps après…
Tout ça pour dire qu’on peut s’éviter pas mal de problèmes simplement en appliquant les bon vieux principes, mais qui les connaît encore ?
* et qui parfois provoquent des ouvertures de boîtes à baffes sur les pontons, mais c'est un autre sujet, on en reparlera...