Quand j’arrive dans une crique déjà occupée par deux ou trois bateaux, je prends un soin méticuleux à ne pas jeter mon fer n’importe où, au grand dam de mon épouse qui comprend pourquoi je le fais mais qui trouve que cela nous prend beaucoup de temps. Le mouillage ainsi pris, la place que je laisse entre les bateaux est bien suffisante et parfaitement sûre. La longueur de chaîne est appropriée et l’évitage garanti. Mais voilà, arrive l’éléphant, le malotru, le pousse toi de là que j’m’y mette et lui, il vomit son ancre et ses 5 mètres de chaîne comme s’il pissait contre un mur ! Il ferme son bateau, et descend à terre sans plus de contrôle que cela. Son annexe sera « attachée au trottoir» de telle manière que vous ne pourrez plus accéder au quai avec la vôtre.
Durant son absence, le vent, en espiègle s’amusera à effectuer un joli 180°, et les 2 ou 3 prudents restés à leur bord, seront sur le pont, gaffe et pare-battage en main pour préserver les inox et les bois fraîchement revernis. Ce fâcheux, hélas bien souvent locataire, rejoindra à très haute voix, et en milieu de nuit, son bord sans avoir été inquiété une seule seconde.
C’est également lui, ou son frère, ou bien quelqu'un des siens (Jean de La Fontaine 1621/1695) qui plante son bateau à couple du plein milieu du ponton ou du quai ne laissant plus de place pour personne. Les bittes du quai, ce gougnafier, les remplira de ses amarres à l’aide de nœuds connus de lui seul !
Ses drisses glinglerons toutes les nuits et vos pare-battage touts neufs supplanteront ses défenses crevées.
Afin de ne pas être dérangé par le bruit que fait l’eau en coulant, il mettra son tuyau dans le port plutôt que de fermer le robinet.
Après une sortie d’une petite heure seulement et par mer d’huile, il lavera son bateau deux heures durant, insouciant de la valeur de l’eau, sans frotter puisque laver c’est mouiller et que mouillé, c’est propre.
Puis, comme il a pris l’option haut parleurs extérieurs, il abreuvera de décibels votre douce moitié qui tente vainement de terminer, allongée sur un banc du cockpit le merveilleux roman débuté au coin du feu cet hiver. Lui, ne manquera pas d’insulter très fort sa compagne ou son équipage pour toutes les fautes commises… Par Lui bien sur ! Après quoi, il encombrera le ponton de toutes ces choses hétéroclites, vélos rouillés, vielle annexe, hors bord démonté vieux tuyaux d’arrosage etc…
Je n’en rajoute pas, vous les avez vus.
Dans un autre registre, il y a ces espèces de mobylettes qui hélas flottent mais là, à part la 12/7 je ne vois pas de solution.
Voilà ça ne m’empêche pas de vivre, mais ça me facilite quelques fois le transit intestinal. Il fallait que j’en parle, c’est fait !