Alors, on est là, on est un tas. Hier, un paysan ibérique nous a arraché à notre sol natal sans précaution aucune et sans se soucier de nos cris !! Bon, en même temps, quand t’es une carotte, t’as beau gueuler, gueuler, personne t’entend !! C’est comme ça ! Il nous a balancer dans un cageot et après une balade en camion, on s’est retrouvé là avec tout un tas d’autres légumes qu’on connaissait pas. Ça discutait dans ce marché de Huelva, et ça parlait d’un prédateur, gros, moustachu, Français, qui faisait du mal aux coquillages et aux poissons, rien que pour son plaisir et pour celui de ses copains. Bon, nous, on est des carottes, alors tu penses si on s’en fout du gros Français !!
Et ben non !! Je te le vois arriver, il s’arrête devant nous et la belle Andalouse et il se sert. Carottes, céleris, navets. Champignons de Paris, petits oignons nouveaux, petits poireaux et persil.
- Cinco cinquanta cariño. Qu’elle lui fait. J’me dis, putain, c’est pas cher. Et nous v’là partis. On passe devant les coquillages, où il prend des coques et des petites moules qui râlent mais il s’en fout. Bagnole, et on arrive à leur bateau. Oui, parce qu’ils vivent sur un bateau. Là, bêtement, j’me dis « tiens ça peut être sympa. » J’t’en fout oui !! Il nous a arraché la peau avec un économe et le navet et moi, il nous a, toujours avec ce même économe, débité en fines tranches. Le céleri, il a pris que les feuilles tendres qu’il a finement ciselées, il a fait pareil avec les champignons, le persil le petit poireau et les p’tits oignons. Ça hurlait de partout ! Doit’êt’ sourd ce gros salop !
Pendant ce temps-là, sa femme faisait ouvrir les coques et les moules dans une casserole sur le feu. Elle a mis de côté un peu d’eau des coques et a enlevé les coquilles pour ne garder que la chair. Je préfère vous dire que ça hurlait dans la casserole ! Mais y s’en foutent les Thénardier !!
Là, il a mis de l’huile d’olive dans une gamelle sur le feu, il a jeté les légumes dedans et il nous a fait suer. Putain, qu’est ce qu’on a sué, on n’en pouvait plus. Il a mouillé avec du bouillon de poule et un peu de l’eau des coques. Sur le coup on a apprécié parce que ça nous avait rafraîchis, mais en fait il nous a fait cuire après avoir mis un peu de sel, des graines de coriandre, une pointe d’anis et son poivre qui pique les yeux. Quand on a été cuites craquantes, il a mis les pauv’ moules et les pauv’ coques avec nous. Il a goûté, rectifié l’assaisonnement, nous a balancé une poignée de vermicelles, et quoi ? Trois minutes après il gueulait « A table c’est prêt ! » Là, il nous a mis dans des jolis bols en terre cuite, et vous savez pas c’qu’y z’ont fait le gros et sa femme ? Hein ? Ben y nous ont bouffé !!! C’est pas des méchantes gens ces deux-là ?? Huumm ??
Pour 2 personnes
1 belle carotte, ¼ de navet les feuilles du cœur de céleri, 3 champignons de Paris, 1 petit jeune poireau, 1 petit oignon, 1 bonne poignée de persil.
200 gr de petites moules, 200 gr de coques bien dessalées. 1verre de vermicelles. Bouillon de poule.
Anis, coriandre, poivre, attention au sel. Pour info, nous ne mangeons que ça. Bon appétit
Christian.
PS: on peut mettre des crevettes des queues de langoustines....
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