Francis Joyon dans une passe difficile (J.M.Liot/DPPI/IDEC)
La campagne estivale de Francis Joyon s'est donc terminée en cauchemar ce lundi matin, à 7h en France, dans la nuit de dimanche à lundi sur place, au large du phare d'Ambrose. Environ cinq heures après s'être élancé à 2h08'10" à l'assaut du record en solitaire de l'Atlantique Nord détenu depuis juillet 2008 par Thomas Coville (5 jours 19 heures 30 minutes et 40 secondes), le skipper d'IDEC a vu sa tentative brutalement interrompue lorsque son trimaran, pris dans une rafale, a chaviré, interrompant aussi brutalement que prématurément sa tentative.
Selon le communiqué de son équipe à terre, "Francis Joyon se trouvait à une vingtaine de milles au large quand son multicoque a été pris de nuit dans une violente rafale au passage d'un orage. Le trimaran portait alors la "toile du temps", avec trois ris pris dans la grand-voile et un ORC (petite voile d'avant, ndlr) à l'avant, soit la combinaison idéale pour gérer les 25 et quelques noeuds de vent de secteur sud qui soufflaient sur zone. Travers au vent, sur une mer encore calme, Joyon affrontait les conditions les plus périlleuses pour un multicoque. Une rafale violente et subite a brutalement fait chavirer le maxi trimaran IDEC par le côté."
Sans informations pour l'instant de sa part, difficile de savoir si le skipper a eu le temps de réagir pour tenter d'enrayer le chavirage, mais celui-ci vient rappeler qu'un trimaran de 30 mètres lancé à très vive allure reste une machine d'une très haute précision qui nécessite une vigilance de tous les instants, surtout en solitaire lorsque les conditions sont instables. Le skipper aura sans doute l'occasion de s'exprimer plus en détails sur cette grosse fortune de mer, en attendant, il était dans sa coque retournée pour organiser les secours, immédiatement alertés et qui devraient rapidement arriver sur zone, les côtes américaines étant proches.
Déjà une première tentative avortée une semaine plus tôt...
Ce chavirage vient mettre un terme à la tentative du skipper, seulement une semaine après un premier coup d'arrêt le dimanche 14 août: pris dans un violent orage dans l'embouchure de l'Hudson River au moment de rejoindre la ligne de départ, le skipper avait décidé de faire demi-tour pour décaler son départ, mais aveuglé par les pluies diluviennes, il avait heurté une bouée de chenal qui avait endommagé les carénages des bras de liaison avant et arrière du multicoque, obligeant le skipper à rentrer à la Marina de Gateway à Brooklyn pour réparer, non sans éprouver toutes les peines du monde pour remettre en place l'arbre d'hélice (pièce mécanique reliant le moteur à une hélice) qu'il avait déjà laborieusement retiré juste avant le départ.
Après quelques jours de stratification, Francis Joyon avait décidé de repartir au combat dimanche, souhaitant profiter d'une nouvelle fenêtre météo, qu'il attendait depuis quasiment deux mois et son arrivée à New York le 29 juin. Dimanche, il indiquait ainsi: "J'espère un départ rapide dès le passage de ligne dans un bon flux de sud-ouest. La première partie du parcours me semble propice à la vitesse et à m'installer d'emblée dans les temps du record. La saison est bien avancée pour espérer une fenêtre idéale et celle que nous avons choisie est loin d'être parfaite, avec notamment une petite dorsale anticyclonique à traverser au beau milieu de l'Atlantique Nord. Je vais jouer ma carte à fond car de toutes manières, il n'y a rien à regretter." La traversée n'aura finalement duré que cinq heures...