Après le M.... de rigueur, le gentil skipeur remonte dans le coquepite, s'assure qu'il n'y a pas d'autre bateau à proximité, reprend la barre en manuel et constate tout de suite qu'il y a un problème.
Bon, je vous la fais courte, faut pas lasser son auditoire !
Avec quelques difficultés (vous allez comprendre, patience), il arrive à amener son bateau jusqu'à la rade du port de Horta (10 nautiques à parcourir, 2 heures). Là, mouillage sur rade, check-in avec les Zotorités, et attribution immédiate d'une place sur ponton par les dites Zotorités, ceux qui connaissent Horta en Mai -Juin savent qu'il s'agissait là d'une vraie faveur de leur part !
Un gentil voisin de ponton hollandais qui me voit en difficulté (je suis seul à bord) m'aidera à tirer Enide à la main pour le mettre le long d'un finger, je n'ai en effet plus du tout de direction en marche arrière, et il faut que Enide soit cul au ponton, vous allez voir pourquoi.
Bateau amarré, une rapide plongée à l'arrière en palmes-masque-tuba confirme mes craintes. Le lendemain un gentil artisan local se pointe, et là, ça devient intéressant parce-qu'on apprend des choses utiles ! (en tout cas moi j'ai appris...). Donc ce gentil Monsieur m'explique qu'il faut évidemment sortir mon gouvernail, ou ce qu'il en reste, mais que pour ça, il est complètement inutile de sortir le bateau de l'eau. J'ouvre de grands yeux ébahis, m'enfin le Monsieur a bonne réputation sur les pontons, alors...
Il commence par me demander un grand cordage, une vieille écoute fera l'affaire. Il fait une boucle et à l'aide de la gaffe, depuis le ponton, la passe autour du safran (ce qu'il en reste) et attache les deux extrémités aux taquets arrières babord et tribord. Le cordage est bien tendu, le gouvernail est donc tiré vers le haut. Ensuite, le Monsieur, plié en quatre dans mon coqueron arrière peut :
- désaccoupler les deux vérins hydrauliques, celui la barre à roue et celui du pilote auto;
- démonter les deux demis-colliers en aciers qui tiennent la mèche de gouvernail en place,
- retirer la clé de verrouillage qui s'encastre dans la mèche et lui interdit de glisser. C'est pour pouvoir retirer cette clé qu'il fallait que le gouvernail soit fortement tiré vers le haut !
Il me dit alors "on descend". On mollit le cordage, on tape avec un marteau et un cale en bois sur la tête de la mèche du gouvernail visible par l'orifice qui sert à mettre un barre franche de secours, et plouf, le gouvernail descend. En fait il faudra le pousser vers le bas avec la gaffe pour qu'il se libère de la jaumière. Car je découvre quelque chose qui pour moi est inattendu : un gouvernail (i.e.: ensemble de la mèche en alu et du safran) flotte. Je sais pour l'avoir manipuler à sec que ce machin (entier) pèse dans les 50 kgs. Et bien ça flotte, mais oui messieurs !
Voilà ce que nous hissons alors sur le ponton :
Je précise que dans son état normal, le safran fait 1.40m de long, il en reste environ 35cm !
Bon, si mes micro-aventures vous intéressent, je vous raconterais la semaine prochaine dans le même fil comme se fait la remise en place du nouveau safran tout neuf fait par mon artisan. Nous avons rendez-vous lundi prochain, après deux "faux-bonds", mais bon, c'est la pleine saison ici, faut savoir être zen !
En tout cas, la remise en place du safran tout neuf se fera bateau à flot. Question pour les futés : comment introduire un mèche de gouvernail de près de 2m de long dans le tube de jaumière (orifice sous l'eau), alors que le safran flotte, et que l'objet se met donc spontanément à plat sur l'eau avec un bonne flottabilité positive ? Là encore, je sens que je vais apprendre quelque chose :-)