Le bateau a retrouvé son élément ce matin après trois jours de carénage à la Grande Motte.
D’habitude, je carène en Avril, mais cette année est pleine de problèmes qu’il m’a fallu résoudre avant de m’occuper du bateau.
Déjà, un constat: rien ne change, ce sont toujours les grutiers qui calent le bateau – sous la responsabilité du client, quand même - alors qu’à Port Camargue, les chantiers se sont alloués une rente validée par la Capitainerie par l’obligation de passer par eux pour le calage, les grutiers se contentant de gruter, ce qui somme toute, est leur fond de métier.
Et tu m’étonnes qu’ils n’aient jamais de pourboire… Mais bon.
En revanche, je ne sais pas qui est l’abruti qui a calculé les pentes de la zone technique de la Grande Motte, mais il y a des emplacements qui récupèrent toute la flotte de la zone, et sur lesquels tu travaille les pieds dans de l’eau stagnante pendant tout le chantier.
Si tu as oublié les bottes, tu es mal.
Et bien sûr, ça a juste été pour ma pomme.
Le seul truc qui assèche est un grand soleil avec de la tramontane. Mais bon, en ce moment, c’est du marin avec couverture de stratus le matin.
Pas de bol. Donc, trois jours les pieds dans la flotte, avec toute la m… des copains qui t’arrive dessus.
A la limite, c’et pas grave. On fait avec. T'as le choix?
Je nettoie ma carène, je patauge, j‘applique une couche d’antifouling, et le temps de surcouchage, je m’occupe de blanchir l’hélice et de poser la couche de primaire Velox.
Et voilà qu’on me pose une vedette sur l’emplacement voisin.
Le bateau de frimard, profil vaisseau guerre des étoiles, jet-ski posé sur la plate-forme rallongée pour, le boss lunettes de soleil monture blanche, marcel, coup de soleil sur le nez et les épaules, et gamins qui rappliquent à moto. Chacun la sienne.
Déjà , t’as pas envie de lui faire la bise.
D’entrée, les mecs viennent m’emprunter les outils pour démonter les anodes parce qu’ils sont arrivés avec le cul et les dents, mais pas grand-chose d’autre.
Si… le Kärcher industriel, 380v , putain la bête…
Et ils commencent à nettoyer le carène, là, ça va, je suis au vent qui est d’Est, les espous s’en vont de l’autre côté.
Midi, tout le monde s’arrête, un qui va chercher les glaçons, l’autre le charbon de bois, ils attaquent l’apéro, puis ils sortent le barbecue, grillades, etc…
Moi, je continue et pour respecter le timing pour l’application de la première couche d’antifouling Velox sur l’hélice, j’en profite pour nettoyer et lustrer mes bordés.
15h. Tout le monde s’agite, le Kärcher redémarre, et ils procèdent au nettoyage du pont. Avec du savon directement injecté dans la machine.
Le vent a tourné. Eh oui, on est en régime de brise ici, et j’en prends plein la gueule. Mes bordés sont savonnés, et l’hélice sur laquelle je pouvais appliquer la première couche de Velox est aussi pleine de savon.
Après le pont, ça a été le tour des bordés, et vers les 17h30, ça s’arrête, et ils commencent à ranger le matériel.
Moi, le bateau plein de merde, la voiture aussi, rien pu faire pendant deux heures, la bouffaïsse commence à me monter, et je vais leur demander de bien vouloir nettoyer les saloperies qu’ils on envoyées sur mon bateau et ma voiture avant de rentrer leur Kärcher.
Ah oui, mais bon, tu as vu l’heure, on va pas y passer les vacances, t’as qu’à brancher un tuyau et tu rinces, c’est bon.
Ok, on va faire ça.
Demain matin, je vais appliquer ma deuxième couche d’antifouling, et quand j’ai fini, je vais essuyer mon rouleau sur ton bordé. Et si le dessin ne te plait pas, je t’en refais un autre plus à ton goût un peu plus loin…
Le ton montait tellement, limite baston, que les voisins s’en sont émus, et sont venus calmer le jeu en enjoignant à l’enfoiré de rincer mon bateau avant de s’en aller.
Ce qu’il a fait en grommelant, mais pas trop fort quand même.
Alors voilà, j’ai un peu perdu mes nerfs, mais en y réfléchissant, c’est bien d’être vieux.
Tu réfléchis un peu plus avant de cogner et de te fracturer une main ou un cheville. Dix ans plus tôt, c’était coup de boule d’entrée avant de discuter.
Et comme ce genre de personnes n’ont pas de vergogne, il serait allé pleurer sa mère chez les flics et je me serais retrouvé en correctionnelle …
Bon, tout ça pour dire que les carénages, et j’en suis à mon 54eme, ben, c'est plus ce que c'était, c’est la première fois que je tombe sur un qui a du obtenir son CAP d’abruti au premier coup, mais du coup, c'est moi qui ai eu le stress...