lettre du voyage au Brésil n°II
Publié : mer. 03 avr. 2013, 5:20 pm
Marie Jo et moi nous étions très heureux que tu ais pût venir. Mais alors, quelle fête ! Tu as vu, on a fait les choses… Allez… bien ! On a invité 60 personnes, il en est venu 65 ! On a demandé le soleil, on l’a eu ! On a mis le bateau cul à quai devant la terrasse du Mercure où les copains étaient reçus, comme ça, ceux qui ne connaissaient pas Jadoune, ont pu le visiter.
Ils sont tous montés à bord, avec du pinard !! Cartons, bouteilles, cubis, rouges, blancs, rosés…Des alcools… Et de la charcuterie ! On a rempli les cales ! Et on a embarqué, surtout, des gros paquets d’amitié et de fraternité. Ca a duré tout l’après-midi. Le directeur du Mercure, un ami, nous avait confectionné un buffet présidentiel. La chaleur et le rosé aidant, l’émotion était à son comble. Quand il a fallu se quitter, l’œil était humide. Mais quelle belle journée !!
J’avais fixé le départ au 1 er juillet et la météo annonçant un énième BMS pour 6 h TU le lendemain, je décidais d’appareiller à minuit, cap 185, direction les Baléares.
-« Mes copains et moi on vous suit jusqu’au Baléares avec mon bateau », nous dit Paulo. Ce à quoi je réponds : « si l’un de vous veut venir à bord… » ; « Moi ! Moi !» dit Jean Jacques.
Les amarres sont larguées à minuit pétantes. Nous v’la partis pour de bon. Dès que je le peux, je mets quatre lignes à bonites à l’eau. Vers six heures du matin la tramontane nous pousse assez fortement dans la bonne direction. La mer lève des vagues de deux mètres et c’est le moment que choisit une jolie bonite pour s’accrocher fermement mais par la gueule à un de mes tout nouvel octopus siffleurs dernier cri ! Aussitôt la bête remontée à bord, et à l’aide du marteau de charpentier que me tend Marie Jo, j’entreprends de façon néandertalienne, certes, mais efficace, de faire cesser la vie dans le corps gesticulant de notre repas de midi. Deux seaux d’eau de mer judicieusement et adroitement lancés, nettoient la mare de sang !.... Jean Jacques est prostré dans le balcon arrière bâbord… « L’état de la mer sans doute ! »...Me dis-je. Je m’empare alors de mon couteau à dépecer et de la planche à découper et je me mets en devoir de vider, nettoyer et hacher menu-menu ce futur plat de résistance. D’un des filets je sors un grand saladier de poisson cru. Echalote hachée, sel, poivre, un bon jus de citron, coriandre et huile d’olive, je touille, je goute, je rajoute du piment d’Espelette, je re-goute, hummm ! « T’en veux Jean Jacques ? » « Ah ! Non ! Non !» « Mal de mer sans doute ? Ou p’tèt’e parceque c’est cru ??» que j’me redis. Une vingtaine d’heures plus tard on débarquait à Polensa. Temps toujours exécrable. Jean Jacques a également refusé le deuxième filet de bonite que j’avais pourtant passé à la poêle avec une sauce maison! « Barbouillé par le mauvais temps » insistais-je en ma pensée?
On connaitra la vérité 16 mois plus tard. De retour du Brésil, on est amarré à Ténériffe, aux Canaries, en octobre 2008, lorsqu’un voilier Français se met à couple. « Vous êtes de Marseille ? » Qu’il me demande « Non, de la Grande motte. » Que j’lui réponds. « Ah !J’ai un copain qui a un voilier à la Grande Motte, vahiné ? ou mahiné… » Qu’il me fait. « Huahiné, à Paulo ! » Que je lui dis. Et là !! il me sort : « Ha !! Ha !!! Toi t’es Christian ! L’expert qui tue les poissons à coups de marteau !!! »…
J’ai compris pourquoi Jean Jacques n’avait pas voulu de cette succulente bonite préparée avec amour. Pour lui, j’étais un homme des cavernes ! Il parait que l’histoire de la bonite continue à alimenter les longues veillées Auvergnates !
Chacun d’entre nous a son homme de Cro-Magnon. Jean jacques avait rencontré le sien sur un voilier en partance pour...
Vois-tu mon frère, on finit toujours par comprendre ce qui s’est passé ; même après 16 mois et 13000 miles parcourus.
Allez, je t’embrasse
Christian
