Loi de Murphy, bis repetita...
Publié : sam. 21 oct. 2023, 5:47 pm
Bonjour à tous,
Hier soir, nous avons fait un repas avec de vieux copains de l’époque du port de Frontignan,
Et bien sûr, nous nous sommes remémorés un tas de bons souvenirs, dans lesquels s’est glissé un qui aurait dû être moins bon.
Mais avec le temps, il est passé de mauvais souvenir à souvenir, puis à bon souvenir.
Un peu comme le Service Militaire qui nous a volé 18 mois de notre vie mais que quand on en parle après on dit qu’on s’est fait quand même un tas de copains et que c’était le bon temps.
Un des convives avait un Possilipo de 12m équipé de deux 500cv Caterpillar atmosphériques 8 cylindres en ligne qui le propulsaient gentiment à 30 nœuds si l’on poussait bien les manettes dans le coin. Un peu comme sur ma Triumph 600cm3 sur laquelle il fallait toujours être à fond pour qu’elle avance.
C’était un pêcheur compulsif : il passait ses journées à la pêche en mer et pas plutôt amarré le soir au port, il mettait quatre cannes à pêche en batterie dans le cockpit des fois qu’un loup suicidaire s’intéresserait à ses appâts.
Et ce jour là, on était partis pour la bonite, le plein de gas oil, le plein de sardines et tous les maquereaux pêchés dans la semaine broyés dans une caisse en polystyrène pour le broumé.
On sort du port, grand beau, brisette dans le sens du courant, bref, conditions idéales.
Et on monte sur les 30m, on s‘ancre et on commence à pêcher.
On commence bien sûr par les maquereaux qui passent immédiatement dans le broyeur puis dans la caisse à broumé, et ça a duré toute la matinée .
Apéro, repas, et on s’y remet.
Il faut dire aussi qu’il avait un énorme chien à la race mal définie, au poil gris-beige bouclé qui t’accueillait avec une langue de 10m² dès que tu mettait un pied dans le cockpit.
Là, pendant qu’on mangeait, le chien a viré le couvercle de la caisse à broumé et a engouli tout ce qu’il a pu avant que son maître ne le chasse à coups de pieds. Ce qui aujourd’hui lui vaudrait une plainte des Amis des Animaux pour mauvais traitements. Mais on était entre nous...
On en était là, et on a recommencé à pêcher, toujours des maquereaux, ce qui ne rentabilisait ni le gas-oil, ni les sardines.
On a commencé à toucher les bonites vers les 16h, et encore, en ratant une touche sur deux. On en a monté trois, et pas des grosses.
Et puis plus rien.
En désespoir de cause, on a décidé de revenir sur le tombant pour se faire au moins une soupe avant de rentrer.
Et là, Girelles, Rascasses, Roucaous, Sarrans, Vernières, jusqu’à la nuit.
On a mangé ce qui restait des provisions en continuant à pêcher, et sur le coup de 22h, on décide de rentrer.
Le chien ne trouve que ce moment là pour dégobiller tout le broumé qu’il avait mangé, je te dis pas l’odeur, et en prime, il se vide par les deux bouts.
Bon, pas grave, on a une pompe haute pression à eau de mer qui te nettoie tout ça y compris la bête en quelques minutes .
Du coup, les femmes descendent se réfugier en bas, dans le carré.
On lance les moteurs et le guindeau pour remonter l’ancre… qui ne monte pas.
On essaie sous différents angles, et ça ne monte pas.
La patience n’étant pas la vertu cardinale du capitaine, il rentre arrière les deux moteurs à fond, et là, ça vient.
On remonte l’ancre avec une pelle tordue à 45°. Bon, ça, c’est fait.
Et on s’en va.
Nous étions mon pote et moi dans le poste de pilotage, juste éciairé par les instruments de bord.
Et je me demande pourquoi le bateau part vers le large en suivant une courbe au lieu de mettre le cap directement sur Frontignan.
Mais je me dis connaissant le bonhomme qu’il doit vouloir repérer un bon coin au sondeur.
Quand même au bout d’un moment, le copain me chuchotte – faut pas inquiéter les femmes- qu’il n’a plus qu’un moteur efficace et que la barre est bloquée.
J’enlève le capot de la soute et non, les deux moteurs tournent.
En y regardant de plus près, je vois que l’arbre du moteur bâbord ne tourne pas alors que le tourteau lui, tourne.
Sur le coup de marche arrière sauvage, l’arbre bâbord a reculé et l’hélice est venue en butée contre le safran . Du coup, un moteur HS et plus de direction.
Je propose qu’on mouille pour attendre le lendemain matin, la météo est bonne, et on avisera.
Ben non, son ancien bateau s’appelait « POCO LOCO », c’est pas pour rien.
Je ne sais pas comment il a fait, mais avant-arrière en gérant les courbes, il a réussi à rentrer dans le canal, à faire un demi-tour devant la capitainerie et à venir s’amarrer sur le quai d’accueil sans même détruire la barque juste devant. Respect.
On est quand même allés dormir.
Le lendemain matin, combi, stab, plombs, bloc, palmes et je descends sous le bateau.
Juste en poussant sur l’hélice, on remet tout en place, on bloque les écrous du tourteau et fin du coup.
Ben non.
En descendant dans la cale moteur, le copain a perdu l’équilibre, s'est rattrapé comme il a pu et dans la panique avec le pied il a arraché le flexible d’alimentation gas-oil du moteur bâbord.
On le démonte, et bien sûr c’est Dimanche,( Murphy) mais on connaît un mécano à la retraite qui a gardé son atelier et qui fait des dépannages discrets.
Sauf que sur les banjos actuels, il n’y a plus d’articulation et qu’il le refait au pifomètre.
Bien sûr, ça ne tombe pas en face et heureusement que j’ai toujours des chutes de tuyau de cuivre dans le fourgon, on coupe le flexible et avec un bout de tube et deux colliers on récupère l’alignement pour remonter le flexible.
Et bien sûr, le moteur refuse de démarrer. Il faut purger le circuit qui s’est vidé avec toutes ces conneries.
On commence par le décanteur, puis le filtre. Mais après… rien n’est prévu sur la pompe haute pression, ou alors, on est aveugles.
Seule solution immédiate : dévisser l’injecteur du huitième cylindre, et faire tourner le moteur jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bulles.
Mon pote se charge de l’injecteur, et moi du démarreur.
Je fais tourner le démarreur quatre ou cinq secondes, et j’arrête. Puis je recommence, toujours quatre ou cinq secondes. Et rien ne sort de l’injecteur.
Le copain toujours patient s’énerve, me dit de faire tourner le démarreur en continu mais non, c’est juste bon pour le griller.
Il me vire du poste de pilotage et me dit de m’occuper le l’injecteur.
Il actionne le démarreur en continu qui commence à fumer au bout de vingt secondes.
Je lui crie d’arrêter, mais walou, il est lancé.
Le démarreur fume de plus en plus, ça pue le cramé mais le gas-oil finit par couler sans bulles.
Je resserre l’injecteur, et on essaie de démarrer le moteur mais là, c’est le démarreur qui se met en grève.
Grosse fumée, et il refuse de tourner.
Si je me souviens bien, à l’époque, le démarreur avait coûté pas loin de 8000 Francs, l’ancre à changer aussi et le banjo, Du coup, on se dit que la poissonnerie, ce n'est peut-être pas la plus mauvaise solution...
Si ce n’est pas du Murphy de la bonne année, ça ?
Hier soir, nous avons fait un repas avec de vieux copains de l’époque du port de Frontignan,
Et bien sûr, nous nous sommes remémorés un tas de bons souvenirs, dans lesquels s’est glissé un qui aurait dû être moins bon.
Mais avec le temps, il est passé de mauvais souvenir à souvenir, puis à bon souvenir.
Un peu comme le Service Militaire qui nous a volé 18 mois de notre vie mais que quand on en parle après on dit qu’on s’est fait quand même un tas de copains et que c’était le bon temps.
Un des convives avait un Possilipo de 12m équipé de deux 500cv Caterpillar atmosphériques 8 cylindres en ligne qui le propulsaient gentiment à 30 nœuds si l’on poussait bien les manettes dans le coin. Un peu comme sur ma Triumph 600cm3 sur laquelle il fallait toujours être à fond pour qu’elle avance.
C’était un pêcheur compulsif : il passait ses journées à la pêche en mer et pas plutôt amarré le soir au port, il mettait quatre cannes à pêche en batterie dans le cockpit des fois qu’un loup suicidaire s’intéresserait à ses appâts.
Et ce jour là, on était partis pour la bonite, le plein de gas oil, le plein de sardines et tous les maquereaux pêchés dans la semaine broyés dans une caisse en polystyrène pour le broumé.
On sort du port, grand beau, brisette dans le sens du courant, bref, conditions idéales.
Et on monte sur les 30m, on s‘ancre et on commence à pêcher.
On commence bien sûr par les maquereaux qui passent immédiatement dans le broyeur puis dans la caisse à broumé, et ça a duré toute la matinée .
Apéro, repas, et on s’y remet.
Il faut dire aussi qu’il avait un énorme chien à la race mal définie, au poil gris-beige bouclé qui t’accueillait avec une langue de 10m² dès que tu mettait un pied dans le cockpit.
Là, pendant qu’on mangeait, le chien a viré le couvercle de la caisse à broumé et a engouli tout ce qu’il a pu avant que son maître ne le chasse à coups de pieds. Ce qui aujourd’hui lui vaudrait une plainte des Amis des Animaux pour mauvais traitements. Mais on était entre nous...
On en était là, et on a recommencé à pêcher, toujours des maquereaux, ce qui ne rentabilisait ni le gas-oil, ni les sardines.
On a commencé à toucher les bonites vers les 16h, et encore, en ratant une touche sur deux. On en a monté trois, et pas des grosses.
Et puis plus rien.
En désespoir de cause, on a décidé de revenir sur le tombant pour se faire au moins une soupe avant de rentrer.
Et là, Girelles, Rascasses, Roucaous, Sarrans, Vernières, jusqu’à la nuit.
On a mangé ce qui restait des provisions en continuant à pêcher, et sur le coup de 22h, on décide de rentrer.
Le chien ne trouve que ce moment là pour dégobiller tout le broumé qu’il avait mangé, je te dis pas l’odeur, et en prime, il se vide par les deux bouts.
Bon, pas grave, on a une pompe haute pression à eau de mer qui te nettoie tout ça y compris la bête en quelques minutes .
Du coup, les femmes descendent se réfugier en bas, dans le carré.
On lance les moteurs et le guindeau pour remonter l’ancre… qui ne monte pas.
On essaie sous différents angles, et ça ne monte pas.
La patience n’étant pas la vertu cardinale du capitaine, il rentre arrière les deux moteurs à fond, et là, ça vient.
On remonte l’ancre avec une pelle tordue à 45°. Bon, ça, c’est fait.
Et on s’en va.
Nous étions mon pote et moi dans le poste de pilotage, juste éciairé par les instruments de bord.
Et je me demande pourquoi le bateau part vers le large en suivant une courbe au lieu de mettre le cap directement sur Frontignan.
Mais je me dis connaissant le bonhomme qu’il doit vouloir repérer un bon coin au sondeur.
Quand même au bout d’un moment, le copain me chuchotte – faut pas inquiéter les femmes- qu’il n’a plus qu’un moteur efficace et que la barre est bloquée.
J’enlève le capot de la soute et non, les deux moteurs tournent.
En y regardant de plus près, je vois que l’arbre du moteur bâbord ne tourne pas alors que le tourteau lui, tourne.
Sur le coup de marche arrière sauvage, l’arbre bâbord a reculé et l’hélice est venue en butée contre le safran . Du coup, un moteur HS et plus de direction.
Je propose qu’on mouille pour attendre le lendemain matin, la météo est bonne, et on avisera.
Ben non, son ancien bateau s’appelait « POCO LOCO », c’est pas pour rien.
Je ne sais pas comment il a fait, mais avant-arrière en gérant les courbes, il a réussi à rentrer dans le canal, à faire un demi-tour devant la capitainerie et à venir s’amarrer sur le quai d’accueil sans même détruire la barque juste devant. Respect.
On est quand même allés dormir.
Le lendemain matin, combi, stab, plombs, bloc, palmes et je descends sous le bateau.
Juste en poussant sur l’hélice, on remet tout en place, on bloque les écrous du tourteau et fin du coup.
Ben non.
En descendant dans la cale moteur, le copain a perdu l’équilibre, s'est rattrapé comme il a pu et dans la panique avec le pied il a arraché le flexible d’alimentation gas-oil du moteur bâbord.
On le démonte, et bien sûr c’est Dimanche,( Murphy) mais on connaît un mécano à la retraite qui a gardé son atelier et qui fait des dépannages discrets.
Sauf que sur les banjos actuels, il n’y a plus d’articulation et qu’il le refait au pifomètre.
Bien sûr, ça ne tombe pas en face et heureusement que j’ai toujours des chutes de tuyau de cuivre dans le fourgon, on coupe le flexible et avec un bout de tube et deux colliers on récupère l’alignement pour remonter le flexible.
Et bien sûr, le moteur refuse de démarrer. Il faut purger le circuit qui s’est vidé avec toutes ces conneries.
On commence par le décanteur, puis le filtre. Mais après… rien n’est prévu sur la pompe haute pression, ou alors, on est aveugles.
Seule solution immédiate : dévisser l’injecteur du huitième cylindre, et faire tourner le moteur jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bulles.
Mon pote se charge de l’injecteur, et moi du démarreur.
Je fais tourner le démarreur quatre ou cinq secondes, et j’arrête. Puis je recommence, toujours quatre ou cinq secondes. Et rien ne sort de l’injecteur.
Le copain toujours patient s’énerve, me dit de faire tourner le démarreur en continu mais non, c’est juste bon pour le griller.
Il me vire du poste de pilotage et me dit de m’occuper le l’injecteur.
Il actionne le démarreur en continu qui commence à fumer au bout de vingt secondes.
Je lui crie d’arrêter, mais walou, il est lancé.
Le démarreur fume de plus en plus, ça pue le cramé mais le gas-oil finit par couler sans bulles.
Je resserre l’injecteur, et on essaie de démarrer le moteur mais là, c’est le démarreur qui se met en grève.
Grosse fumée, et il refuse de tourner.
Si je me souviens bien, à l’époque, le démarreur avait coûté pas loin de 8000 Francs, l’ancre à changer aussi et le banjo, Du coup, on se dit que la poissonnerie, ce n'est peut-être pas la plus mauvaise solution...
Si ce n’est pas du Murphy de la bonne année, ça ?