Le Bar Du Port

Bonjour à tous,
en route sous voiles tribord amures au près, je suis sous le vent d'un Catalac qui est aussi tribord, voiles bordées.
Après quelques minutes, le relèvement ne varie pas: j'attends que le Catalac me laisse de l'eau puisque je suis privilégié.
La trajectoire de collision se confirme, je n'insiste pas et j'abats en grand, puis je reprends mon cap initial en passant sur l'arrière du catamaran.
Le gars m'appelle à la VHF, me présente ses excuses pour le refus de priorité et m'explique qu'il ne pouvait plus lofer étant au maximum des possibilités de son vieux cata et qu'il ne pouvait pas abattre non plus sauf à risquer une collision compte tenu de la position respective des deux bateaux.
J'ai bien volontiers accepté ses excuses, et du coup je me dis que cette règle de priorité est quelque peu arbitraire, mais peut-être qu'à l'époque à laquelle elle a été édictée les bateaux avaient tous les mêmes capacités à remonter au vent.
Là, dans mon cas, je ne peux pas lofer, mais je peux abattre.
Lui ne peut plus lofer, mais ne peut pas abattre non plus.
Ne serait-il pas plus logique que ce soit le bateau au vent qui soit privilégié?

Pourquoi pas , mais l’inverse est vrai et pourquoi pas la priorité à gauche
C’est tout le problème de la définition d’une priorité… il en fallait une

Moi, ce qui m’ horripile ce sont les professionnels dans leur majorité. Heureusement il en reste quelques uns respectueux des autres.
Exemple, chez nous la navette portuaire est généralement au double de la vitesse autorisée. 7kn au lieu de 3 dans le chenal. Vitesse mesurée avec mon GPS. Idem pour les promènes touristes.
Quand on leur fait la remarque on est au mieux gratifié d’un : moi je bosse, au pire d’une insulte.
Il est bien connu que les professionnels sont exemptés des règles. Imaginons les chauffeurs routiers, les taxis les représentants de commerces les livreurs etc etc s’ils pouvaient rouler à la vitesse qu’ils veulent

Il y a une trentaine d'années, j'étais au moteur en pleine traversée vers les Baléares, en route de collision avec un cargo qui arrivait sur bâbord, sans doute cap sur Barcelone.
Je me préparais à manœuvrer pour passer derrière, lorsqu'il a changé de cap pour nous laisser passer. Je l'ai appelé à la VHF, pour le remercier et il m'a répondu "Pas du tout c'était à moi de vous laisser passer" (It was my duty).

Une autre fois, il y a une dizaine d'années, j'étais à la voile au plus près serré bâbord amure entre Canet et Collioure; me dirigeant vers un gros catamaran qui remontait vers le nord au moteur sans aucune voile. Comme nous allions nous croiser, il a envoyé un 3 m² de foc donc tribord amure, tout en continuant au moteur. J'ai dû m'arrêter, voiles battantes, pour le laisser passer alors qu'il lui était simple de modifier son cap de quelques degrés pour passer à mon vent.
Lorsqu'il est passé, à quelque mètres, j'ai vu qu'il tirait des lignes et qu'il y avait de nombreuses personnes à bord...qui sirotaient tranquillement leur cocktail.....pas un mot et pas le moindre signe de la main.....

Deux comportements à méditer

Amitiés

Cette situation avec un cargo m’est arrivé sur la côte est Corse.
J’avoue avoir eu un gros coup de cœur pour cette personne. Ce sont des petits moments qui nous restent gravés longtemps

Idem: Cargo retour de Corse en pleine nuit par F6.
Le cargo m'appelle a la VHF pour me dire de ne rien changer qu'il va modifier son CAP de 1° et passer 100m devant moi.
Effectivement il est passé 100m devant ce qui m'a valu quelques instant de calme car il me coupait les vagues et le vent.
En principe à Toulon les gros sont très respectueux, y compris l'armée.
Par contre les navettes sont tout comme Henri au double de la vitesse autorisé et même réponse, je travaille.

Il est certain qu'aujourd'hui l'AIS facilite bien les choses.
Amitiés

Les promènes couillons sont effectivement souvent une plaie pour nous et ce où que ce soit (Manche, Atlantique ou Med)
La réflexion du style "nous on travaille" ou si "tu ne te pousses pas je te coule" sont hélas fréquents. Vécu plusieurs fois par exemple en rentrant à Port la Vie.
Le pire étant par exemple si on navigue à la voile dans le Golfe du Morbihan. Les bateaux de transport à passager agissent comme s'ils étaient toujours prioritaires. Peut-être le sont-ils ??? Le mieux restant de se tenir autant que possible en dehors de leur route.

Qui n’a jamais refusé un tribord?
Naviguant souvent près des côtes mon grand génois dont la bordure est près du pont masque la vue sur tout ce, qui est en avant sous le vent. Il faut sortir du cockpit pour voir ce qui s’y passe ou alors comme je le fais souvent à l’approche d’un port, se tenir dans le balcon.
En croisière, en vieillissant j’ai tendance à m’éloigner des situations à risque même si je suis privilégié.
De toutes façons en croisière côtière et en équipage réduit il est difficile d’assurer une veille permanente compte tenu de la densité du traffic. Sans compter la présence d’innombrables casiers dans les fonds de moins de 30 m.
Lundi dernier j’ai failli passer sur une petite vedette qui avançait lentement. J’étais au plus près tribord amures. Je l’ai découvert sous mon vent à moins de 5m. Lui non plus ne m’avait manifestement pas vu…
L’ AIS a une utilité au large, pas vraiment près des côtes ou d’innombrables cibles s’allument en été. Nombreux sont ceux qui en sont si contents qu’ils ne l’éteignent jamais même au port.
Quand aux bateaux « de travail » je ne cherche pas à comprendre : près des côtes je m’écarte. Au large, l’AIS fait son travail et permet d’être vu de loin. J’ai vu de nombreux cargos et porte-conteneurs se dérouter où nous contacter par VHF pour nous demander nos intentions de route.
Amitiés

Et tout récemment encore, une collision entre une vedette et un voilier dans la réserve de Scandola en Corse.
Pour ceux qui connaissent, j'y ai vu des bateaux à moteur passer à toute vitesse dans le passage étroit entre la terre et l'île de Cargalo.
D'après les informations, il y a des blessés, mais pas de décès.
Amitiés